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bonne, il n’y entend rien du tout[1], Larmechin[2] encore moins, le cuisinier encore moins : il ne faut pas s’étonner si un cuisinier qui étoit assez bon, s’est entièrement gâté ; et moi, que vous méprisez tant, je suis l’aigle, et on ne juge de rien sans avoir regardé la mine que je fais. L’ambition de vous conter que je règne sur des ignorants m’a obligée de vous faire ce sot et long discours[3] ; demandez à Beaulieu.

Suscription : Pour ma très-aimable bonne.


955. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, mercredi 28e février.

Vous revoilà donc à Versailles, et votre mascarade sur pied : la mort du roi d’Angleterre n’a pu tenir contre la jeunesse avide des plaisirs du carnaval. On ne parle que de votre beauté : comme vous n’êtes pas encore à l’entre deux âges, jouissez de ce joli visage qui vous faisoit tant d’honneur, même quand vous étiez malade ; il ira bien loin dans votre santé ; c’est une agréable chose que la régularité des traits, les proportions, en un mot, la beauté. J’espère que vous me direz bien des nouvelles de mon enfant[4] : j’ai été toute dérangée ; j’avois été deux jours à Versailles, attentive à le voir danser, me

  1. 29. « Ma chère enfant, je veux vous dire ceci. Vous croyez mon fils habile, vous croyez qu’il se connoît en sauces et qu’il sait se faire servir ; il n’y entend rien du tout. » (Edition de 1754.)
  2. 30. Valet de chambre de M. de Sévigné. (Note de Perrin.)
  3. 31. « Ce sot petit discours. » (Édition de 1754.) — Perrin a supprimé les derniers mots : « demandez à Beaulieu. »
  4. Lettre 955. — 1. Le marquis de Grignan.