1685 de lard[1]. Je crois que mon fils ne plaindroit pas de plus gros gages pour avoir un vrai bon cuisinier ; je craindrois que celui-là fût trop foible. Mais, ma bonne, quelle folie d’avoir quatre personnes à la cuisine ? Où va-t-on avec de telles dépenses, et à quoi servent tant de gens ? Est-ce une table que la vôtre pour en occuper seulement deux ? L’air de Lachan et sa perruque vous coûte bien cher. Je suis fort mal contente de ce désordre ; ne sauriez-vous en être la maîtresse ? Tout est cher à Paris, et trois valets de chambre ! Tout est double et triple chez vous. Je vous dirai comme l’autre jour, vous êtes en bonne ville, faites des présents, ma bonne, de tout ce qui vous est inutile. N’est-ce point l’avis de M. Anfossy ? M. de Grignan peut-il vouloir cet excès ? Ma chère bonne, je ne puis m’empêcher de vous parler bonnement là-dessus. Après cette gronderie toute maternelle, laissez-moi vous embrasser chèrement et tendrement, persuadée que vous n’êtes point fâchée.
Ma bonne, il faut que votre mal de côté soit de bonne composition pour souffrir tous vos voyages de Versailles ; songez au moins que le maigre vous est mortel, et que le mal intérieur doit être ménagé et respecté. Bien des amitiés aux grands et petits Grignans.
Je[2] veux vous dire ceci : vous croyez mon fils habile, et qui[3]se connoît en sauce, et sait se faire servir ; ma
- ↑ 26. C’est-à-dire sans doute point de petits profits à lever. Au propre, le Dictionnaire de l’Académie définit levùre de lard : « Ce qu’on lève de dessus et de dessous le lard à larder. »
- ↑ 27. Cette espèce de post-scriptum est séparé de ce qui précède par un parafe.
- ↑ 28. Il y a qui et non qu’il dans l’autographe. Sauce y est au singulier.