Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1680 de justice de cette lettre du clergé[1]. Vous perdez dans cette occasion tout le mérite de votre prudence : vous avez beau vous taire, ma fille, on ne vous distinguera point. Si vous avez fait des imprudences, elles ont si peu nui à Messieurs vos beaux-frères que je ne vous conseille point de changer.

J’aime[2] trop le Mercure galant ; je veux dire à la princesse ce qu’il dit de sa nièce[3]. Je ne le fis pas hier. Et le moyen de ne se plus souvenir de Dulcinée dont il sortoit une certaine petite senteur ? J’ai bien ri de ces folies. Je suis un peu fâchée que vous n’aimiez point les madrigaux ; ne sont-ils pas les maris des épigrammes ? ce sont de si jolis ménages, quand ils sont bons : vous y songerez encore, ma bonne, avant que de les chasser entièrement.

  1. 34. Voyez les lettres des 17 et 31 juillet, tome VI, p. 535 et 558, et plus haut, celle du 4 août, p. 4.
  2. 35. Cet alinéa manque dans le texte de 1737, qui reprend à : « Le bon abbé » (p. 32), où finit notre manuscrit. L’édition de 1754 n’a pas non plus les premières phrases du paragraphe, et commence seulement à : « Je suis un peu fâchée. »
  3. 36. Les mots sa nièce sont une conjecture, mais bien vraisemblable, ce nous semble, et fondée tout au moins sur une très-légère correction. On lit dans le manuscrit sanicée, écrit en un seul mot. — Dans cet endroit Mme de Sévigné parle très-probablement de certains passages de la dernière lettre qu’elle a reçue de Mme de Grignan, qui sans doute lui avait parlé du Mercure et lui avait cité ce qui est dit de la duchesse d’Orléans, nièce de Mme de Tarente, dans le numéro publié à la fin de juin (p. 252) : « Madame étoit de cette partie. Je ne vous en dirai rien. Vous savez que c’est une amazone à cheval, et qu’il est peu d’hommes qui aient plus de vigueur qu’elle dans cet exercice. » Il est naturel aussi qu’à propos du Mercure, qui donnait souvent des madrigaux, elle lui ait avoué son peu de goût pour ce genre de poésie. — Pour Dulcinée et la petite senteur, voyez au chapitre XXXI du livre IV de Don Quichotte. Cette allusion s’explique par certains détails du récit que nous avons vu plus haut (p. 9 et 10) de l’entrée à Rennes : on suela sueur nous surmontoit.