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1685 sailles, que je croie et que j’espère que vous vous portez bien, que je sois assurée que vous ne m’avez point oubliée, et que ce désordre vienne d’un laquais et d’une paresse, je n’ai pas laissé d’être toute triste et toute décontenancée ; car le moyen, ma bonne, de se passer de cette chère consolation ? Je ne vous dis point assez à quel point vos lettres me plaisent, et à quel point elles sont aimables, naturelles et tendres : je me retiens toujours sur cela par la crainte de vous ennuyer. Je relisois tantôt votre dernière lettre ; je songeois avec quelle amitié vous touchez cet endroit de la légère espérance de me revoir au printemps, et comme après avoir trouvé les mois si longs, cela se trouveroit proche présentement, car voilà tous les préparatifs du printemps : ma bonne, j’ai été sensiblement touchée de vos sentiments, et des miens, qui ne sont pas moins tendres, et de l’impossibilité qui s’est si durement présentée à mes yeux ; ma chère Comtesse, il faut passer ces endroits, et mettre tout entre les mains de la Providence, et regarder ce qu’elle va faire dans vos affaires et dans votre famille.

Mon fils et sa femme sont à Rennes de lundi ; ils y ont quelques affaires, et je trouve cette petite femme si malade, si accablée de vapeurs, des fièvres, et des frissons

    tion de 1754 : « Quoique je sache que vous êtes à Versailles, que je croie et que j’espère que vous vous portez bien, quoique je sois sûre que vous ne m’ayez point oubliée, comme je n’ai point reçu de vos lettres cet ordinaire, je n’ai pas laissé d’être toute triste et toute décontenancée ; car le moyen de se passer de cette chère consolation ? Je ne vous dis pas assez à quel point vos lettres me plaisent ; c’est la crainte de vous en importuner qui me retient toujours à cet égard. En relisant tantôt votre dernière lettre, je songeois avec quelle amitié vous touchiez cet endroit de la légère espérance de me revoir au printemps ; mais l’impossibilité qui s’est si durement présentée à mes yeux ne m’a pas permis de me trop arrêter sur cette pensée, et j’ai tout mis enfin entre les mains de la Providence. »