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il me paroît étourdi et terrassé de votre esprit et de votre vivacité. Est-il possible que vous ne puissiez point faire souvenir l’abbé de Polignac de la mère que vous avez en Bretagne ? l’a-t-il tout à fait oubliée ? Il est présentement un abbé de Versailles, et n’a plus cette grande soutane où il étoit enseveli. Mme de Marbeuf a eu le courage de se tirer d’une fluxion sur la poitrine et de la fièvre continue, n’ayant voulu voir aucun médecin, ni être saignée.

Mercredi 31e janvier, à huit heures du soir.

Mon fils vous écrit de son côté, et je pense que, sans nous être consultés, nous vous manderons les mêmes choses, car nous écrivons sur la vérité. Ma plaie est plus près de guérir qu’hier ; et si vous pouvez me pardonner cette rébellion à la poudre de sympathie, et que vous vouliez bien nous accorder quinze jours au lieu de quatre, la poudre aura son effet ordinaire. L’autre jambe est toute guérie ; cela est fini, tout va bien : ayez l’esprit en repos ; passez-nous seulement notre lenteur.



    métiers. Ce qui appartenoit au sien, au savoir et à la profession ecclésiastique, c’étoit où il étoit le moins versé. Il vouloit plaire au valet, à la servante, comme au maître et à la maîtresse. Il butoit toujours à toucher le cœur, l’esprit et les yeux… D’ailleurs tout occupé de son ambition, sans amitié, sans reconnoissance, sans aucun sentiment que pour soi ; faux, dissipateur, sans choix sur les moyens d’arriver, sans retenue ni pour Dieu ni pour les hommes, mais avec des voiles et de la délicatesse, qui lui faisoient des dupes ; galant surtout, plus par facilité, par coquetterie, par ambition que par débauche ; et si le cœur étoit faux et l’âme peu correcte, le jugement étoit nul, les mesures erronées et nulle justesse dans l’esprit, ce qui, avec les dehors les plus gracieux et les plus trompeurs, a toujours fait périr entre ses mains toutes les affaires qui lui ont été commises. »