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1685 drez avec attention : pour moi, j’ai un respect infini pour les choses consacrées par les anciennes approbations.

Le bon abbé est fort surpris qu’on ne trouve pas de sûreté à la dette que vous avez si bien et si honnêtement mise devant la vôtre ; il trouve que M. de Montausier est gouverné par des gens bien rigoureux et bien mai intentionnés. Ce que vous a dit Favier[1] est admirable ; vous en saurez bien profiter, vous êtes en bon lieu pour prendre les meilleurs conseils. Voici une année de grande conséquence pour toutes vos affaires, et où la présence de M. de Grignan sera bien nécessaire. Comme Dieu ne veut pas que je sois témoin de tous ces dénouements, et que je ne puis faire d’autre personnage que de souhaiter, et de tenir les mains élevées vers le ciel, croyez que je m’en acquitterai de mon mieux, et que voici le lieu du monde où l’on veut le moins faire de mal à votre fils. Vous nous faites un grand plaisir de continuer de nous instruire de tout ce qui se fait : je ne vois encore rien de notre mariage. J’ai pensé profondément à me venger de l’épigramme du chevalier ; mais j’ai trouvé plus commode de m’imaginer qu’il ne m’avoit rien dit encore de si obligeant. Je fus jeudi voir la princesse de Tarente : elle a ramené Mme de Marbeuf avec une fluxion sur la poitrine et une grosse fièvre ; cette pauvre femme m’écrit trois lignes d’une main tremblante ; j’apprends qu’elle s’opiniâtre à ne voir aucun médecin, à n’être point saignée, et à ne boire que de la tisane : nous verrons comme cela réussira, et selon l’événement nous louerons ou blâmerons sa conduite : je suis persuadée qu’elle en réchappera. Je viens de lire la lettre que vous écrivez à mon fils ; j’en suis touchée, et j’admire la manière dont vous fondez vos raisons de m’ai-

  1. 7. Célèbre avocat. (Note de Perrin.)