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1685 suis[1] : il est vrai qu’une petite plaie que nous croyions fermée, a fait mine de se révolter ; mais ce n’étoit que pour avoir l’honneur d’être guérie par la poudre de sympathie : vous pouvez donc compter sur une véritable guérison ; je me suis fort bien gouvernée : quand j’ai marché, c’étoit pour être mieux ; quand il n’y a ni feu ni enflure, il ne faut pas se laisser suffoquer la jambe en l’air dans une chaise. Je songe à ma santé préférablement à tout ; c’est ce qui m’a fait éviter les mauvaises nuits, et quitter ce qui m’auroit peut-être guérie en me faisant malade. Je me suis conduite selon que je me sentois bien ou mal ; le baume tranquille ne faisoit plus rien, c’est ce qui m’a fait courir avec transport à votre poudre de sympathie, qui est un remède tout divin ; ma plaie a changé de figure, elle est quasi sèche et guérie. Enfin, si avec le secours de cette poudre que Dieu m’a envoyée par vous, je puis une fois marcher à ma fantaisie, je ne serai plus digne que vous ayez le moindre soin de ma santé ; mais après en avoir parlé un an, disons un mot de la vôtre. Mme de la Fayette me fait entendre combien vous vous moqueriez des médecins, si cette

    pathie, Paris, 1681. Il se termine par une dissertation traduite du latin de Nicolas Papin, sur la nature et les effets de cette poudre presque magique. On lit dans la première partie le récit de la guérison de Jacques Howel, secrétaire du célèbre duc de Buckingham, opérée sous les yeux de Jacques Ier. L’usage de cette poudre fut introduit en France par Théodore Turquet de Mayerne, qui, après avoir été médecin de Henri IV, le devint de Jacques Ier et ensuite de l’infortuné Charles Ier. Il en donna le secret au duc de Mayenne, qui fut tué en 1621 au siége de Montauban ; le chirurgien du duc le divulgua. (Note de l’édition de 1818.) — Voyez, dans la Correspondance de Bussy, tome III, p. 398, une lettre de Mme de Scudéry en date du 25 octobre 1677. Voyez aussi le Corneille de M. Marty-Laveaux, tome IV, p. 204, note I.

  1. 4. Mme de Sévigné avoit alors une plaie à la jambe. (Note de Perrin.)