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1684 me mandez de plus agréable sur son sujet, c’est qu’elle étoit charitable aux pauvres : il n’en faut pas davantage pour sauver la fille de la mère de Chantal. Je vous prie d’envoyer ce billet de consolation à mon cousin de Toulongeon ; je crois qu’il arrivera trop tard, et que sa consolation est de la même date que la vôtre.

Je crois que vous avez bien fait de demeurer chez vous pendant que ma nièce de Coligny présentera sa requête civile. On doutera moins du fond de son cœur quand il ne sera point soutenu de votre présence.

Je passerai ici l’hiver et une grande partie de l’été ; j’y suis fort agréablement avec mon fils et sa nouvelle épouse. Je crois que vous ne retournerez pas plus tôt que moi ; mais il ne faut pas laisser que de s’écrire de temps en temps. La belle Madelonne est demeurée à Paris : c’est ce qui fait ma peine ; mais ainsi l’ont ordonné les destinées. Celle de notre cher Corbinelli sera toujours de vous servir jusqu’aux derniers moments de sa vie ; c’est un ami qu’on ne sauroit trop aimer. Je regrette bien les dîners que j’aurois donnés à ma nièce de Coligny, quand elle auroit dû voir M. de Lamoignon[1]. N’avez-vous pas gardé son joli garçon auprès de vous ? Il vous tiendra compagnie.

Adieu, mon cher cousin : soutenez toujours bien votre courage, qui a fait souvent mon admiration, et ne vous rendez qu’à bonnes enseignes, c’est-à-dire après quatre-vingt-six ans. Mon fils et sa femme vous assurent de leurs très-humbles services, et moi je vous embrasse de tout mon cœur.

  1. 5. Les jours où elle serait venue solliciter à l’hôtel Lamoignon, voisin de l’hôtel Carnavalet ? Voyez ci-après, p. 342, note 2.