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1684 vous pouvez les ouvrir tous sans scrupule ; il ne me paroît pas que vous ayez jamais rien à démêler avec votre frère ; il aime la paix, il est chrétien, et vous lui faites justice, quand vous trouvez que vous avez lieu d’être aussi contente de lui, que vous l’êtes peu de son beau-père ; jamais il n’a pensé qu’à vous dédommager, c’est une vérité ; enfin, ma très-chère, je vois la paix dans tous les cœurs où je la desire. Au reste, ma chère Comtesse, gardez-vous bien de pencher ni pour Saint-Remi, ni pour Châtelet : faites comme moi, soyez dans l’exacte neutralité. La princesse prend intérêt à Saint-Remi, mon fils à Châtelet, à cause de Mme de Tisé[1] : il n’y a rien à faire qu’à leur laisser démêler leur fusée ; peut-être même que l’affaire sera jugée à ce parlement, et sortira des mains des maréchaux de France.

Adieu, ma très-aimable : ordonnez bien des choses à Beaulieu ; il s’en va demeurer à Versailles : il peut être assez heureux pour vous rendre mille petits services ; usez-en comme s’il étoit à vous. Je vous demande une chose, si vous m’aimez ; ne me refusez pas, je vous en conjure : n’allez point à Gif avec M. de Grignan ; c’est un voyage pénible et cruel dans cette saison ; vous savez qu’il vous en coûta trois saignées pour un mal de gorge que cette fatigue vous causa[2]. Je prie M. de Grignan d’être pour moi et de vous ménager ; c’est la première grâce que je lui demande, en l’embrassant à son arrivée auprès de vous.

  1. 7. Voyez la lettre du 15 novembre précédent, p. 314.
  2. 8. Voyez les lettres des 4 et 8 octobre précédents, p. 296 et 300.