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1684 si j’en avois autant de moi, je ne les finirois point ; laissez-moi donc discourir tant que je voudrais, et ne vous amusez point à parcourir les articles ; parlez-moi de vous, de vos affaires, de ce que vous dites à ceux que vous aimez ; tout est sûr, rien ne se voit, rien ne retourne ; et c’est justement cela qui me touche, et qui fait ma curiosité et mon attention. Vous avez à me redresser sur Versailles : ne souffrez point que je sois de travers sur votre sujet. Mme de la Fayette vous en parle-t-elle ? Dites-moi aussi ce qu’est devenue cette Guadiana ; il me semble qu’elle est longtemps sans reparoître. Vous me faites un grand plaisir d’avoir chassé la princesse Olympie[1] de l’hôtel de Carnavalet : je n’aime point cette personne ; j’aime bien mieux une bonne petite prestance, qui est toute propre à représenter la duchesse de Grignan : c’est ainsi que Coulanges vous nomme dans ses lettres, tout sérieusement, sans hésiter, ni sans dire quelle mouche l’a piqué ; j’en ai ri, et je voudrois que cette folie vous portât bonheur. Il est enragé après cette pauvre Cuverdan[2] ; c’est une furie, et c’est une injustice dont il rendra compte à Dieu ; car cette pauvre femme dit mille biens de lui et, tout bien compté, tout rabattu, il n’y a personne en Bretagne qui ait un si bon cœur et de si nobles sentiments : le voilà qui rit et se moque de moi ; je n’en suis point la dupe, point du tout ; je ne suis point aveuglée, point du tout ; mais je trouve que chacun a ses défauts, et que celui qu’elle a n’est qu’une incommodité en comparaison de ceux qui ont les parties nobles attaquées ; cependant je suis une friponne, et je pâme de rire des folies et des visions de Coulanges ; mais je n’y

  1. Lettre 943. — 1. Voyez tome V, p. 277, note 8.
  2. 2. Mme de Marbeuf ? Voyez la lettre du 15 novembre précédent, p. 314, note 19.