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1684 une Phèdre pour lui. Si vous aviez relu cet endroit, vous comprendriez bien de quelle façon je l’ai compris en le lisant : il y a quelque chose de l’histoire de Joconde, et cette longue attention qui ennuie la femme de chambre, est une chose admirable. La conduite de Mme d’Aumont est fort bonne et fort aisée : elle doit fermer la bouche à tout le monde, et rassurer M. d’Aumont. [1]

    Louvois et de l’archevêque de Reims. Il épousa le 17 décembre 1690 Olympe de Brouilli, fille et héritière d’Antoine, marquis de Piennes, morte le 23 octobre 1723, à l’âge de soixante-deux ans. Il « avoit toute sa vie, dit Saint-Simon (tome X, p. 317 et 318), été un panier percé, qui avoit toujours vécu d’industrie ; il avoit eu longtemps affaire à un père fort dur, et à une belle-mère qui le haïssoit fort, et qui étoit une terrible dévote… Le duc d’Aumont étoit d’une force prodigieuse, d’une grande santé, débauché à l’avenant, d’un goût excellent, mais extrêmement cher en toutes sortes de choses, meubles, ornements, bijoux, équipages ; il jetoit à tout, et tira des monts d’or des contrôleurs généraux et de son cousin Barbezieux, avec qui, pour n’en pas tirer assez à son gré, il se brouilla outrageusement. Il prenoit à toutes mains et dépensoit de même. C’étoit un homme de beaucoup d’esprit, mais qui ne savoit rien, à paroles dorées, sans foi, sans âme, de peu de réputation à la guerre pour en parler sobrement, et à qui son ambassade ne réussit ni en Angleterre ni en France. » — Sur Mme d’Aumont, belle-mère du marquis de Villequier, voyez tome II, p. 204, note 5, et tome III, p. 170, fin de la note 5. « C’étoit, dit Saint-Simon (tome IX, p. 99), une grande et grosse femme, qui avoit eu plus de grande mine que de beauté ; impérieuse, méchante, difficile à vivre, grande joueuse, grande dévote à directeurs. Elle avoit été fort du grand monde et de la cour… Elle étoit riche et fut très-attachée à son bien. »

  1. 5. Le peu de mots que dit ici Mme de Sévigné se rattache évidemment à l’anecdote racontée dans la France galante, ouvrage que l’on a réuni aux Amours des Gaules. Le marquis de Villequier faisait la cour à une femme de chambre de sa belle-mère. Cette intrigue fut découverte, et la duchesse renvoya cette fille mais celle-ci, avant de quitter l’hôtel d’Aumont, initia le jeune marquis dans un secret qu’elle avait pénétré, et qui compromettait singulièrement l’honneur de la belle-mère. Villequier se mit en embuscade, et, un soir que son père était parti pour Versailles, il vit entrer mystérieusement M. L. T. A. D. R. (M. le Tellier, archevêque de Reims ? ). Il n’eut rien