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1684 lade ; il n’y a pas moyen de soutenir cette pensée jour et nuit ; ayez donc pitié de moi.

Hélas ! que pensez-vous[1] que m’ait fait cette mort de Mme de Luynes[2] ? C’est une tristesse dont on ne peut se défendre : et que faut-il donc pour ne point mourir ? Jeune, belle, reposée, toute tranquille et toute en paix, elle avoit payé le tribut de l’humanité l’année passée par une grande maladie, et la voilà morte un an après : c’est un étrange point de méditation. M. de Chaulnes en est affligé ; dites-lui quelque chose. Mme de Chaulnes a été bien mal. Ils ont tant d’amitié pour moi et pour vous ; ne les négligez pas[3].

Adieu, ma chère bonne je ne vous puis dire assez combien je vous aime ; allez-vous sitôt ne plus aimer Mme de Coulanges, après avoir tant bu ensemble à Clichy et à Livry ? La d’Escars me parle d’une cordelière dans ma chaise de tapisserie ; ma bonne, vous n’avez qu’à ordonner, tout me plaira ; j’en attends les deux bras, cela me divertira. Mme de la Fayette me mande que Mme de Coulanges est charmée de vous et de votre esprit. Le bien Breton[4] vous salue tendrement. Mon fils et sa femme vous font beaucoup d’amitiés et de compliments.

  1. 29. « Que croyez-vous. » (Édition de 1754.)
  2. 30. Anne de Rohan, mariée en 1661 à son neveu Louis-Charles d’Albert, duc de Luynes (voyez tome I, p. 390, note 8). Elle était fille d’Hercule de Rohan, duc de Montbazon, et de la célèbre Marie de Bretagne. Elle mourut le 29 octobre 1684, à l’âge de quarante-quatre ans.
  3. 31. « Ils ont tant d’amitié pour moi que vous ne devez pas les négliger. » (Édition de 1754.) — Dans cette même édition, la fin de la lettre se trouve réduite à cette seule phrase : « Adieu, ma très-aimable : Mme de la Fayette me mande que Mme de Coulanges est charmée de vous et de votre esprit. »
  4. 32. Sans doute l’abbé de Coulanges, le bien Bon.