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1684 fille, conservez-vous, reposez-vous, et ne vous amusez point à écrire des volumes, ni à répondre aux discours à perte de vue que je vous écris dans mon loisir ; si vous vous en faisiez une loi, je me résoudrois à ne vous écrire qu’une page.


au chevalier de grignan.

Que je vous suis obligée, Monsieur, de lui avoir ôté la plume de la main ! Malgré toutes ses méchantes plaisanteries, je vous conjure de l’empêcher d’écrire encore plusieurs jours, et de la soulager de ce qu’elle voudra me faire savoir, en me l’écrivant vous-même dans sa lettre. Par exemple, parlez-moi un peu plus intimement de la sainte fille, de la raison qui lui a fait perdre patience ; de ce que disent M. de Montausier et Mlle d’Alerac, et comme notre mariage se trouvera de cette retraite : vous voudrez fort bien causer avec moi sur tout cela. Je vous recommande la santé de ma fille : ne la croyez point quand elle veut se coucher bien tard, et s’éveiller bien matin, et prendre sans cesse du thé, du café ; je vous assure, Monsieur, que cette vie est bien mauvaise pour un sang aussi brûlant que le sien. Souvenez-vous de l’état où nous l’avons vue ; n’abusons point du retour de sa beauté ; elle a un mal de côté qui trouble souvent mon repos : on ne sent point de douleur où il n’y a point de mal ; faites-la souvenir de la pervenche : qu’elle ne l’abandonne pas tout à fait, ne fût-ce que par reconnoissance. Allez à Livry prendre du repos, et faites que je puisse m’assurer qu’étant avec elle, vous serez la force majeure qui l’empêchera de se faire du mal.


à madame de grignan.

Ceci vous ennuie un peu, ma très-chère ; mais je vous