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donne cette amitié sont douces, tout amères qu’elles sont[1]Mille baisemains à tous les Grignans qui sont auprès de vous, et à cette belle princesse.[2]J’écris à mon marquis[3]. Mon fils est encore à Rennes ; sa femme me prie de vous assurer, etc. Envoyez la lettre à M. de Pompone.


1684

939. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN ET AU CHEVALIER DE GRIGNAN.

Aux Rochers, dimanche 8e octobre.

à madame de grignan.

Ah ! ma chère enfant, vous avez été malade ! C’est un mal fort sensible que d’avoir une amygdale enflée : cela s’appelleroit une esquinancie, si on vouloit. Vous donnez à tout cela un air de plaisanterie, de peur de m’effrayer ; mais la furie de votre sang, qui vous a fait si souvent du ravage, m’empêche de rire, quand il se jette ainsi dans votre gorge. Le voyage de Gif vous a beaucoup fatiguée ; vous souvient-il de celui de Lambesc avec Mme de Monaco ? Je crois que vous n’avez pas été si malade ; mais enfin l’air, les brouillards des vallons de Saint-Bernard[4], la tristesse de cette retraite, des larmes, beaucoup de fatigue, mal dormir, tout cela vous a mise en état d’être saignée deux fois en deux jours. Remettez-vous, ma

  1. 26. La lettre finit ici dans le texte de 1754.
  2. 27. Mlle d’Alerac.
  3. 28. Le marquis de Grignan.
  4. Lettre 939. — 1. Les religieuses de l’abbaye de Gif étaient soumises à la règle de saint Benoît ; peut-être Mme de Sévigné croyait-elle qu’elles étaient bernardines ; peut-être aussi appelle-t-elle ce pays les vallons de Saint-Bernard à cause du voisinage de Port-Royal des Champs, qui était de l’ordre de Cîteaux. (Note de l’édition de 1818.)