1684 parce qu’il fait le plus parfait temps du monde[1], et parce que je sens par avance l’horreur des jours qui viendront ; ainsi je profite avec avarice de ceux que Dieu me donne. N’irez-vous point à Livry, ma bonne[2] ? Le chevalier ne sera-t-il point bien aise d’aller s’y reposer après ses eaux ? Le Coadjuteur est guéri : tout vous y convie ; je vous défie de n’y point penser à moi. Je[3] me porte très-bien, ma chère bonne ; mais vous, ne me ferez-vous point le plaisir de me dire sincèrement comme vous êtes, et si ce côté que je crains tant ne vous fait point souffrir ? je vous demande cette vérité. Si vous aviez besoin d’un petit deuil, je vous en fournirois un : M. de Montmoron mourut il y a quatre jours chez lui, d’une violente apoplexie, en six heures[4] : c’est une belle âme devant Dieu ; cependant il ne faut pas juger. J’ai vu la princesse, qui parle de vous[5], qui comprend ma douleur, qui vous aime, qui m’aime, et qui prend tous les jours douze tasses de thé[6] ; elle le fait infuser comme nous, et remet encore dans la tasse plus de la moitié d’eau bouillante ; elle pensa me faire vomir[7]. Cela, dit-elle, la guérit de tous ses maux ; elle m’assura que Monsieur le Landgrave[8] en prenait quarante tasses tous les matins. « Mais, madame, ce n’est peut-être que trente. — Non, c’est quarante ; il était mourant, cela le ressus-
- ↑ 12. « Le plus beau temps du monde. » ( Édition de 1754)
- ↑ 13 « Ma fille. » (Ibidem)
- ↑ 14. Cette phrase a été supprimée par Perrin.
- ↑ 15. « Mourut chez lui il y a quatre jours d’une violente apoplexie. » (Édition de 1754.) — Voyez tome II, p. 23, note 11.
- ↑ 16. Les mots « qui parle de vous » manquent dans le texte de 1754.
- ↑ 17. « Douze ou quatorze tasses de thé. » (Édition de 1754.)
- ↑ 18. Perrin a supprimé ce dernier membre de phrase
- ↑ 19. Charles, landgrave de Hesse-Cassel, neveu de la princesse de Tarente, mort le 13 mars 1730, à l’âge de soixante-quinze ans. Il avait succédé en 1670 à son frère aîné : voyez tome II, p. 23, note 11.