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1684 pensée. Il est vrai que dans le bateau, ne pouvant lire de plus longues pièces, je me jetai sur cette oraison[1] ; je la trouvai convenable, et je crus qu’on ne pouvoit mieux dire de Mme de Richelieu ; car ce n’étoit pas de M. de Turenne qu’il étoit question. J’en écrivis un mot à Mme de la Fayette ; et l’amour-propre de l’abbé Têtu, qui ne néglige pas les petits profits, en tourne une affaire[2] jusqu’à Fontevrault. Vraiment, vous n’avez qu’à me répondre pour me faire taire : je n’en serois point étonnée, si c’étoit à votre esprit que je voulusse parler ; mais c’est à votre cœur, qui me répond encore mieux. Vous finissez par une douceur peu commune et trop aimable : je suis pour vous comme la santé, c’est-à-dire le plaisir des autres plaisirs. Venez me parler de mes fagots auprès de telles pensées ! Je me connois, et vous savez que je ne m’égare point.

Voilà où je demeurai hier au soir : il est dimanche, il faut envoyer nos paquets : le soleil et le bruit ne m’ont rien ôté des sentiments que j’avois dans le silence et dans l’obscurité. Mon fils vient de partir pour Rennes ; il veut être assuré que ses clous ne sont rien. Sa femme est autour de moi, entendant très-bien la partie que je fais avec elle de ne la voir d’aujourd’hui. J’ai passé la matinée dans ces bois avec mon abbé Charrier ; elle y va présentement, et je vais écrire : je vous assure que cela est fort commode. Elle a de très-bonnes qualités, du moins je le crois ; mais dans ce commencement, je ne me trouve disposée à la louer que par les négatives : elle n’est point ceci,

  1. 5. L’oraison funèbre de Mme de Richelieu, morte le 29 mai précédent.
  2. 6. Expression de M. de la Garde. Voyez le commencement de la lettre du 9 mai 1680, tome VI, p. 386 et note 1.