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1684 à ma santé, et c’est encore vous qui me l’avez recommandée ; mais enfin, c’est toujours vous. Il ne tient pas à moi qu’on ne sache l’amitié tendre et solide que vous avez pour moi ; j’en suis convaincue, j’en suis pénétrée ; il faudroit que je fusse bien injuste pour en douter. Si Mme de Montchevreuil[1] a cru que ma douleur surpassoit la vôtre, c’est qu’ordinairement on n’aime point sa mère comme vous m’aimez. Pourquoi vous allez-vous blesser à l’épée de voir ma chambre ouverte ? Qu’est-ce qui vous pousse dans ce pays désert ? C’est bien là où vous me redemandez. Vous m’avez fait un grand plaisir de me parler de Versailles : la place de Mme de Maintenon est unique dans le monde ; il n’y en a jamais eu, et il n’y en aura jamais : vous n’aurez pas oublié au moins de lui faire remonter quelques paroles par Mme de Montchevreuil. Je ne veux point d’aide pour la chaise de M. de Coulanges[2] ; laissez-moi faire, je bats monnoie ici. Je suis fort aise que notre mariage n’aille plus à reculons, et que Monsieur le Coadjuteur et vous, soyez toujours liés par mes deux joues ; conservez-moi les vôtres, ma très-aimable, conservez votre santé, ne vous fatiguez plus tant, ayez pitié de moi ; j’aurois bien de la peine à soutenir plus de tristesse que je n’en ai.

La mort de Mme de Cœuvres[3] est étrange, et encore

  1. 2. Voyez tome VI, p. 171, note 13.
  2. 3. Il s’agissoit d’une chaise de tapisserie que Mme de Sévigné s’amusoit à travailler, pour en faire présent à M. de Coulanges. (Note de Perrin à la lettre du 1er octobre suivant.)
  3. 4. Madeleine de Lyonne, première femme de François-Annibal d’Estrées, marquis de Cœuvres, qu’elle épousa le 10 février 1670. Voyez tome II, p. 305, note 6. — Le marquis de Cœuvres devint duc d’Estrées à la mort de son père, en janvier 1687, et se remaria, le 23 août 1688, à Madeleine-Diane de Bautru, fille du marquis de Vaubrun.