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1684 partageât[1] un peu entre nous deux les plaisirs qu’elle donne par sa présence ; ne m’en haïssez pas, ma belle petite sœur, et à mon exemple aimez vos rivaux : c’est ce que Mme de Coulanges a reconnu en moi, à ce qu’elle dit, et ce que j’ai toujours senti dans mon cœur pour vous. Mon oncle m’a donné ce matin le joli présent de ma princesse[2] ; nous avons été une demi-heure, l’abbé Charrier, lui et moi[3], à vouloir ouvrir ce petit flacon : nous avons tant fait par nos tournées, que nous avons fait tourner le bouchon ; il y avoit un peu de peine au commencement, mais comme nous nous relayions tous trois l’un après l’autre, il tourne présentement avec beaucoup de facilité[4]. Ma mère nous a donné une autre manière de l’ouvrir, qu’elle a trouvée bien plus aisée qu’elle n’étoit avant que nous y eussions apporté nos soins, et il en arrive une grande commodité[5] : c’est que l’eau de la Reine d’Hongrie en sort toute seule, sans qu’on ait la peine de l’ouvrir.

Adieu, ma très-chère et très-aimable petite sœur : mille remerciements à ma divine princesse ; que je m’ennuie[6] qu’elle ne soit pas encore vicomtesse[7], et que je serai aise quand cette métamorphose sera arrivée ! Je fais

  1. 5. « Que ma mère partageât. » (Édition de 1754.)
  2. 6. Mlle d’Alerac. (Note de Perrin.)
  3. 7. « Mon oncle et moi. » (Édition de 1754.)
  4. 8. « Nous avons tant fait par nos journées que le bouchon a tourné ; ce n’étoit pas sans peine au commencement, mais comme nous nous relayions tous trois, il tourne présentement avec beaucoup de facilité. » (Ibidem.)
  5. 9. « Ma mère nous a donné une autre manière de s’en servir, et il est arrivé une grande commodité. » (Ibidem.)
  6. 10. « Dites-lui que je m’ennuie, etc. » (Ibidem.)
  7. 11. Il étoit question en ce temps-là du mariage de Mlle d’Alerac avec Gaspard, vicomte de Polignac mais cette affaire s’étant rompue, M. de Polignac épousa Marie-Armande de Rambures en 1688, et Mlle d’Alerac fut mariée, en 1689, avec Henri-Emmanuel Hurault, marquis de Vibraie. (Note de Perrin.)