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dire ; mais surtout de vous, et de votre santé, et de votre voyage[1]. Je trouverai tout au moins de vos nouvelles à Angers.


1684

933. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN[2].

À Saumur, lundi au soir 18e septembre.

Toujours le vent contraire, ma chère bonne, depuis que je vous ai quittée ; c’est un mouvement si violent pour moi, que tout se fait à force de rames[3] : cela m’a arrêtée un jour plus que je ne pensois, en sorte que je n’arriverai que demain à Angers, qui sera justement huit jours après mon départ : je crois que j’y trouverai mon fils. Je vous écrirai de cette bonne ville. Je verrai demain, avant que de partir, ma nièce de Bussy[4], dont les tourières ont aboyé sur moi, que je n’étois pas encore abordée[5]. La beauté du pays a fait mon seul amusement : nous sommes quatorze et quinze heures, le bien Bon et moi, dans ce carrosse, tournant même le dos à notre cabane, qui nous amuseroit ; mon carrosse est tourné autrement que la dernière fois[6]. Nous attendons notre dîner comme une chose considérable[7] dans notre journée ; nous

  1. 9. Le voyage de Versailles.
  2. Lettre 933. — Cette lettre a été revue sur l’autographe pour l’édition de 1818.
  3. 2. « Toujours le vent contraire depuis que je vous ai quittée, ma chère enfant. Nous n’allons qu’à force de rames. » (Édition de 1754)
  4. 3. Diane-Jacqueline de Rabutin, élue supérieure du couvent de la Visitation de Saumur en 1683.
  5. 4. « Que j’étais encore dans le bateau. » (Édition de 1754.)
  6. 5. Voyez la lettre du 9 mai 1680, tome VI, p. 386. — Dans l’édition de 1754 : « le bien Bon et moi, dans mon carrosse, qui est placé dans notre cabane autrement que la dernière fois. »
  7. 6. « Comme quelque chose de considérable." (Édition de 1754.)