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1684 vous un souvenir digne de la jalousie de notre ami, et que je prétends que nous ne soyons point deux mois sans savoir des nouvelles les uns des autres ; ainsi nous trouverons le moyen de rapprocher les deux bouts de la France. J’ai fait voir à Mme de Villars tout ce que vous mandez de M. le maréchal de Bellefonds[1]. Cette action vous a paru plus grande qu’à nous : c’est l’effet de la perspective. Nous vous donnons Luxembourg pour sujet d’admiration et de méditation[2]. Cette conquête ne perdra rien de son prix en s’éloignant. Le Roi revient samedi, triomphant à son ordinaire ; M. de Vardes l’a prévenu, il honore Paris de sa présence, et il est toujours le bon parti de la conversation. Vous savez que nous avons perdu Mme de Richelieu[3], véritable dame d’honneur au pied de la lettre ; elle est regrettée universellement : on ne sait encore qui occupera cette belle place. Je ne m’amuserai point à vous conter le remue-ménage de tous les évêques[4], cela blesse et fait mal au cœur. Adieu, l’aimable scélérat : écrivez-moi donc de temps en temps, et adressez vos lettres ici ; on me les fera toujours tenir. Voilà notre très-cher jaloux plus digne que jamais d’être aimé de nous tous ; j’y comprends M. de Vardes, qui fait fort bien son devoir.

  1. Lettre 927. — 1. « Le maréchal de Bellefonds, dit M. Henri Martin (tome XIV, p. 20), était entré en Catalogne au commencement de mai, avait battu les Espagnols au passage du Ter, attaqué Girons sans succès, puis, avec le concours de la flotte, pris quelques petites places maritimes. »
  2. 2. Luxembourg avait été investi le 28 avril par le maréchal de Créquy. Le Roi, qui avait réuni près de quarante mille hommes dans le Hainaut, empêcha les ennemis de secourir cette place, qui se rendit le 4 juin, après trois semaines de batterie.
  3. 3. Le 2 mai. Voyez tome II, p. 184, note 2.
  4. 4. La Gazette du 3 juin rapporte, en date du 27 mai, huit nominations ou mutations d’évêques.