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1684 La destinée de Mlle d’Alerac paroît encore incertaine ; nous croyons pourtant que le nom de Polignac est écrit au ciel avec le sien. Si Mlle de Grignan vouloit, elle nous en diroit bien la vérité ; car elle a dans ce pays céleste un commerce perpétuel.

Le petit marquis est un petit mérite naissant qui ne se dément point ; le bon abbé est toujours le bien Bon ; les autres Grignans sont toujours dignes de votre estime. Je me suis embarquée insensiblement à cette longue kyrielle. Adieu, Monsieur, il ne faut pas abuser de vous. Je vous conjure de faire mes compliments à Madame votre femme ; je n’oublierai jamais tout ce qu’elle me conta un jour ici dans la pureté de son langage et la vivacité de votre climat, et la réponse qu’elle fit à Versailles.

Il me semble que je vois dans mon almanach que j’irai en Bretagne, mais ce ne sera pas sans vous dire adieu encore plus de deux fois.

La marquise de Sévigné.

de corbinelli.

Plus de deux fois quand c’est trop d’une : quelle abomination ! quel abandonnement ! J’ai vu ce matin votre président Bocaud, qui m’a fait l’honneur de me voir ; il m’a conté qu’il a quatre enfants, et tout cela m’a renouvelé les affaires du pays. Nous avons raisonné de celles de Hollande, et d’ici. Mais que faites-vous là, abîmé dans votre présidence ? revenez avec M. de Vardes. Je me jette toujours dans l’avocasserie, et je ferai perdre autant de procès pour y réussir, qu’un bon médecin fait perdre de vies avant qu’il en sauve une. Adieu, mon cher : je meurs d’envie de vous assassiner à Rambouillet, ou que vous m’y assassiniez.