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1683 pouvoit le plus espérer, je ne lui en aurois pas desiré un meilleur. C’est ainsi que nous vivons et que nous marchons en aveugles, ne sachant où nous allons, prenant pour mauvais ce qui est bon, prenant pour bon ce qui est mauvais, et toujours dans une entière ignorance.

Auriez-vous jamais cru aussi que le P. Bourdaloue, pour exécuter la dernière volonté du président Perrault, eût fait depuis six jours aux Jésuites la plus belle oraison funèbre qu’il est possible d’imaginer ? Jamais une action n’a été admirée avec plus de raison que celle-là[1]. Il a pris le prince[2] dans ses points de vue avantageux ; et comme son retour à la religion a fait un grand effet pour les catholiques, cet endroit manié par le P. Bourdaloue a composé le plus beau et le plus chrétien panégyrique qui ait jamais été prononcé. Je vous l’enverrai, si on l’imprime[3]. Adieu, mon cher cousin, et son aimable fille : je vous embrasse tous deux.

  1. 4. Les mots que celle-là manquent dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale.
  2. 5. Henri II de Bourbon, père du grand Condé. Il était mort depuis longues années (le 26 décembre 1646) ; mais le président Perrault, de la chambre des comptes, qui avait été secrétaire de ses commandements, fonda en mourant un service annuel pour le repos de l’âme de ce prince. Cette cérémonie eut lieu, pour la première fois, le 10 décembre 1683, dans l’église des jésuites de la rue Saint-Antoine. Le P. Bourdaloue présenta Henri de Bourbon comme ayant contribué plus qu’un autre à l’affaiblissement du calvinisme. C’était un panégyrique prêché devant son fils, il n’y faut pas chercher la sévérité de l’histoire. (Note de l’édition de 1818.)
  3. 6. Cette oraison funèbre a été en effet imprimée à part, ainsi que celle du grand Condé que prononça plus tard le même orateur. Celle d’Henri II de Bourbon parut en 1684, et celle de son fils en 1687.