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1683 son aumusse[1] auprès de vous. Je lui ai montré ce que vous dites sur son sujet ; mais vous ne sauriez me décrier auprès de lui ; ma sincérité est établie.

Vous savez comme le Roi a donné deux mille livres de pension à Mlle de Scudéry : c’est par un billet de Mme de Maintenon qu’elle apprit cette bonne nouvelle. Elle fut remercier Sa Majesté un jour d’appartement[2] ; elle fut reçue en toute perfection ; c’étoit une affaire que de recevoir cette merveilleuse Muse. Le Roi lui parla et l’embrassa pour l’empêcher d’embrasser ses genoux. Toute cette petite conversation fut d’une justesse admirable ; Mme de Maintenon étoit l’interprète. Tout le Parnasse est en émotion pour remercier et le héros et l’héroïne.

Pour notre mariage[3], je ne sais vraiment comme il va : nous tâchons de découvrir ce qui en est écrit là-haut ; mais jusques ici cela est tellement griffonné, que nous n’avons pu le lire. On attend des procurations de Languedoc : je vous manderai le dénouement.

Je sais vraiment que vous ne vous portez pas tant mal, tant mal, Madame : l’eussions-nous jamais cru, quand nous avions toujours les larmes aux yeux de voir ce pauvre homme en pièces et en morceaux ? Il faut avouer que

  1. 8. L’aumusse (l’autographe porte omus) est une « fourrure que les chanoines et chanoinesses portent sur le bras en été, et dont ils se servoient autrefois en hiver pour couvrir leur tête. » (Dictionnaire de Trévoux.) Trouvé avait eu un çanonicat à Époisse : voyez ci-dessus, p. 212, l’avant-dernier alinéa de la lettre du 26 janvier précédent, et le second alinéa de la lettre du 11 mai suivant, p. 235.
  2. 9. « On a donné le nom d’appartement aux fêtes ou divertissements accompagnés de musique, danse, jeu, que le Roi donne quelquefois à toute la cour dans les appartements de Versailles. » (Dictionnaire de Trévoux.
  3. 10. Le mariage de Mlle d’Alerac.