1683 l’état où il nous est permis de nous en approcher, plutôt que de demeurer tranquilles dans la séparation de ce divin mystère, qui étoit une fausse paix, et la seule et fausse marque de religion de la plupart des libertins. Tout cela fut traité avec une justesse, une droiture, une vérité, que les plus grands critiques n’auroient pas eu le mot à dire. M. Arnauld[1] lui-même n’auroit pas parlé d’une autre manière. Tout le monde étoit enlevé et disoit que c’étoit marcher sur des charbons ardents, sur des rasoirs, que de traiter cette matière si adroitement et avec tant d’esprit, qu’il n’y eût pas un mot à reprendre ni d’un côté ni d’autre. Mme de Caumartin étoit là qui recevoit les compliments. Pour moi, j’étois tout ébaubie[2] d’entendre le P. Desmares[3]avec une robe de jésuite. Si M. Poussy étoit auditeur, il aura pu puiser à la source : je ne suis point assez mauvaise voisine pour l’avoir donné ni aux grises, ni aux bleues de ce quartier[4]. Je l’ai vu et je lui ai laissé la liberté de courir les sermons. Pour M. Trouvé, je l’aime toujours ; ah ! que nous avons ensemble de bonnes conversations bien salées ! Seriez-vous fâchés qu’il eût une bonne cure ? car il me fait pitié où il est, et je ne vois pas qu’il puisse espérer de reprendre
- ↑ 4. L’auteur du traité de la Fréquente communion.
- ↑ 5. Dans l’autographe, comme toujours : « toute ébaubie. »
- ↑ 6. Voyez tome II, p. 123, note 8.
- ↑ 7. Les sœurs grises sont les sœurs de la Charité ou sœurs de Saint-Vincent de Paul. Les principales paroisses en possédaient sans doute dès lors, comme à présent, de petites communautés. — Sur les Filles bleues ou Annonciades célestes, voyez tome V, p. 347, note 7.
parce que quiconque n’est pas digne de ce sacrement n’est pas digne de Dieu. » Une autre phrase de la troisième partie dut être aussi remarquée de l’auditoire : « Saint Augustin, avec toutes ses lumières, n’osoit pas désapprouver l’usage de communier tous les jours : un mondain téméraire et aveugle dans les choses de Dieu le condamne hardiment et sans hésiter. »