1683 voir, et moi, et ma paroisse, et mon château, relevant de vous, que d’avoir cette paroisse de moins, et me voir pêle-mêle avec vos paysans à votre Vic-de-Chassenay. Savez-vous bien d’où vient que nous avons été ainsi traités familièrement ? C’est qu’un seigneur de Montagu[1], seigneur d’Époisse, Conches et autres lieux, dernier prince de la première race des ducs de Bourgogne, maria sa fille unique, légitimée à la vérité, à un Rabutin, en 1460, et lui donna Bourbilly, Forléans, Fou, Changy, Plumeron, et enfin pour vingt mille livres de rente, chose considérable alors, et tout cela relevant, comme de raison, du père, qui avoit toutes sortes de droits sur sa fille. En ce temps, on étoit ravi d’être à plate terre[2] dans la paroisse du Montagu ; par la suite des temps on se trouve bien durement sur ses genoux ; et s’il étoit vrai que cela vous fût égal d’avoir une paroisse de plus, vous m’avouerez que cette pensée est toute naturelle, quand elle est jointe à une espèce de scrupule qui fait que l’on croit faire quelque chose de bon de contribuer à l’instruction des peuples. Voilà mes pensées, mon cher Monsieur, que le bon abbé a crues raisonnables, et que nous vous avons dites tout naïvement, avec protestation que dès qu’il faudroit tirer l’épée contre vous, nous renoncerions plutôt aux exercices de notre religion en Bourgogne, que de vous donner un moment de chagrin. Si vos chanoines étoient aussi soumis, le bon petit M. Trouvé ne seroit pas dans l’ennui où il se trouve dans la tranquillité de l’hôtel de Lesdiguières[3], que je compare à un lac, et qui
- ↑ 4. Voyez tome V, p. 478, note 15. Mme de Sévigné écrit ici Montagu ; neuf lignes plus loin, Montegu.
- ↑ 5. Être à plate terre, être assis à plate terre, signifie proprement être assis par terre, sans siège. Voyez le Dictionnaire de Furetière.
- ↑ 6. Il y a dans l’autographe de diguere, peut-être desdiguere.