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1683 conde a été deux ans et demi sans que personne en approchât, de sorte que Sa Majesté a mis soixante et dix mille francs au trésor royal, afin que celui qui lui seroit agréable n’eût plus que quatre-vingt mille francs à donner. Or nous avons cette somme et dix ou douze ans de service ; si nous sommes un peu heureux, on nous prendra. Nous attendons cette décision avec patience, et voilà où nous en sommes. Je pense que vous ne vous plaindrez à mon égard que de ma trop grande confiance ; car cette histoire est longue, et je ne vous ai épargné aucun détail.

Je vous supplie de présider un peu au conseil que M. Gauthier va tenir pour raffermer ma petite terre. Je veux aussi vous dire que la barbarie et l’ignorance de mes pauvres sujets nous a fait penser à faire une paroisse de ces deux villages, afin d’être instruits et d’entendre quelquefois prêcher Jésus-Christ ; Monsieur d’Autun le souhaite fort. Il faut ménager et dédommager Monsieur le curé du Vic-de-Chassenay[1] ; et pour vous, qui êtes le seigneur, je suis persuadée que vous le voudrez bien, par la raison que je n’en relève pas moins de vous, et que c’est une augmentation au nombre de vos paroisses. Plus ma terre est belle, et plus le seigneur est grand seigneur. Vous ne me verrez pas souvent à votre paroisse : ainsi je crois que vous aimerez mieux que moi, ma paroisse[2] et ma terre vous rendent hommage, que de charger votre conscience de l’ignorance de nos

    grand d’Espagne en 1722. Il épousa le 14 mars 1687 Marie-Élisabeth de la Vergne Montenar de Tressan.

  1. 7. Petit village au nord de Bourbilly (voyez tome III, p. 244, note 1), qui aujourd’hui encore ne compte que six cent soixante-quinze habitants. L’autographe porte Vide-Chassenay.
  2. 8. Tel est le texte de l’autographe. Dans les précédentes éditions : « que moi, que ma paroisse, etc. »