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1682 que quand elle étoit sortie de chez son père, et l’auteur dit :

Forse era ver, ma non però credibile.[1]

Peut-être cela étoit-il vrai, mais il n’étoit pas vraisemblable. Quoi qu’il en soit, elle a réussi[2] : voilà qui ne se peut contester. Le Roi a donné au comte de Soissons vingt mille livres de pension ; car Mme de Carignan[3], dans le dernier désespoir, le déshérite, et il y a déjà longtemps que sa mère a lancé l’exhérédation sur lui.

D’un autre côté, le marquis de Richelieu a enlevé Mlle Mazarin de Sainte-Marie de Chaillot[4]. Elle court avec son amant, qui, je crois, est son mari, pendant que M. Mazarin va consulter à Grenoble, à la Trappe et à Angers, s’il doit marier sa fille. Le moyen de ne pas

  1. 9. Chant I, stance LVI. Le vers suivant achève le sens :

    A chi del senso suo fosse signore,

    « (croyable) pour qui eût été maître de sa raison. »

  2. 10. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « elle a bien fait, » et, au commencement de la phrase suivante : « Le Roi a donné au prince. »
  3. 11. Sa grand’mère. Voyez la lettre du 24 janvier 1680, tome VI, p. 214, et la note 59. — Les mots Carignan, et plus loin Richelieu, Mazarin, ont été biffés dans notre manuscrit, et remplacés en interligne par les initiales.
  4. 12. Le marquis Louis-Armand Vignerot du Plessis, neveu du duc de Richelieu, gouverneur de la Fère en Picardie, né le 9 octobre 1654, mort à Paris le 22 octobre 1730, épousa Marie-Charlotte de Mazarin, fille d’Armand-Charles, duc de Mazarin et de la Meilleraye, et d’Hortense Mancini, née le 28 mars 1662, morte à Dieppe le 13 mai 1729. — On lit dans le Journal de Dangeau, le 1er avril 1703 : « La marquise de Richelieu, qui étoit aux Angloises du faubourg Saint-Antoine, a trouvé moyen d’en sortir en escaladant les murailles. Elle a écrit depuis sa sortie à Mme de Bouillon qu’elle alloit chercher quelque pays où elle fût moins malheureuse. » — Au sujet des scrupules du duc de Mazarin, voyez, dans les Œuvres de Saint-Évremont, tome VI, p. 147, édition de 1753, une note de la Réponse au plaidoyer de M. Érard (avocat du duc de Mazarin).