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Nous[1] allons, dans huit ou dix jours voir la bonne femme Toulongeon. Je crois que comme elle ne vouloit pas passer devant vous, à cause (assurément) que vous étiez une dame de la cour, maintenant que j’y suis retourné, elle ne voudra pas s’asseoir devant moi. Je remarque par là qu’on peut fort bien avoir l’âme basse, et ne laisser pas d’avoir du courage, car la bonne femme n’en manque point.

Adieu[2], Madame : j’aurois encore cherché quelques sornettes à vous dire, si un petit fermier n’entroit dans ce moment dans ma chambre avec un petit sac. Je vous quitte donc pour lui, Madame, quoiqu’il ne soit pas si aimable que vous ; mais c’est qu’il m’apporte de quoi vivre, et je veux vivre pour vous aimer.


1682

900. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU PRÉSIDENT DE MOULCEAU.

À Livry, 20e octobre.

Je suis ici dans ce petit lieu que vous connoissez, Monsieur : ce fut la plus forte des raisons qui m’obligea de vous y mener, car je voulois absolument que quand je vous écrirois de Livry, votre imagination sût où me prendre. Vous me voyez donc présentement : il y a cinq

  1. 3. Cet alinéa ne se trouve que dans le Manuscrit de la Biliothèque impériale. Dans l’édition de 1818, on lit simplement : « Nous allons dans huit ou dix jours à Chaseu voir votre tante qui se porte à merveilles et qui a toujours un esprit qui ne se sent point des foiblesses de son corps.
  2. 4. Dans la première édition des Lettres de Bussy (1697), qui n’a point notre lettre 899, ce dernier alinéa a été rattaché à la lettre du 6 mai 1681.