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toutes les occasions. Tout l’hôtel de Carnavalet vous aime, et vous estime, et vous embrasse ; je fais mille baisemains à Madame votre femme et à votre aimable fille. Dites-nous un peu comme vous êtes avec notre ami : le temps change tant de choses, que je demande toujours ce qu’il opère, persuadée qu’il ne lui faut pas plus de six mois pour faire des réconciliations ou des brouilleries.


894. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CORBINELLI AU PRÉSIDENT DE MOULCEAU.

À Paris, le 22e mai.
de madame de sévigné.

J’ai revu le marquis de Toiras[1], Monsieur, que vous m’avez envoyé ; je l’ai trouvé digne de votre estime et de celle de tous ceux qui le connoîtront. Vous me dites du bien de sa personne et des qualités qui sont attachées à son nom : c’est moi qui les dis aux autres ; ce m’est une religion que la vénération que j’ai pour cette maison ; ce sentiment m’est inspiré dès ma plus tendre jeunesse ; et j’ai appris par la même tradition que le maréchal[2], auroit épousé ma mère, si la mort traîtresse et désobligeante n’eût emporté ce héros. Ainsi, Monsieur, prenez d’autres sujets d’exercer le pouvoir que vos opinions auroient sur

  1. Lettre 894. — 1. François-Jacques de Bermond du Caylar de Saint-Bonnet, marquis de Toiras, petit-neveu du maréchal. Il devint capitaine-lieutenant des chevau-légers du Dauphin, brigadier des armées du Roi, et mourut des blessures qu’il reçut au combat de Leuze, le 19 septembre 1691. Il avait épousé sa cousine germaine, Françoise-Louise Bérart, et ne laissa qu’une fille, qui épousa en 1715 le duc de la Roche-Guyon, depuis duc de la Rochefoucauld.
  2. 2. Jean de Saint-Bonnet, maréchal de Toiras. Voyez la Notice p.12 et 16.