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1681 qu’on ait la force de la soutenir. Elle a besoin de vous, mon cousin, et vous trouverez l’un et l’autre un grand secours dans votre amitié ; chacun saura faire son personnage, et tous vos parents et vos amis seront fort attachés à faire leur devoir[1]. Elle[2] me vient d’écrire fort raisonnablement sur le chagrin qu’elle a eu contre sa sœur de Sainte-Marie, dont elle revient honnêtement. Elle est bien votre fille de toutes façons, non-seulement par cette bonne pâte dont vous l’avez faite, mais par le bel et par le bon esprit qu’elle a. Je l’embrasse de tout mon cœur, et je la conjure de prendre sa part à tout ce que je vous écris ; c’est toujours par indivis que je vous parle : voilà un étrange mot ; je l’ai entendu dire et je ne sais si je l’applique bien[3] ; en tout cas, je suis en pays de connoissance, et avec toutes vos lumières je suis persuadée que personne n’auroit pour moi plus d’indulgence que vous : je suis dans une telle confiance là-dessus, que, bien loin d’être effrayée de vos esprits, il me semble que vous voyez tout ce que je pense, et je néglige quelquefois de m’expliquer comme je ferois avec d’autres. Cela peut rendre mes lettres moins intelligibles, mais je suis charmée de cette commodité. J’ai vu une lettre à un de vos amis, par laquelle[4] il me paroît que vous êtes bien content de Dieu ; il me paroît que vous en parlez comme d’un ami qui en a bien usé avec vous. Pour moi, je crois qu’il aime votre cœur franc et sincère, et qu’en votre

  1. 2. Les parents de Bussy, et Mme de Sévigné parmi eux, intervinrent dans le procès, et prirent les mêmes conclusions que le comte de Bussy et sa fille.
  2. 3. A partir d’ici, le manuscrit, pour cette lettre, cesse d’être biffé, et au-dessus du pronom elle, on lit en interligne : « Ma nièce de Coligny. »
  3. 4. Voyez ci-dessus, p. 154.
  4. 5. Les mots : « J’ai vu une lettre à un de vos amis, par laquelle, » paraissent avoir été ajoutés après coup par Bussy.