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1681 Pour Estrées, la longue amitié qui étoit entre lui et moi m’avoit obligé de lui faire un compliment sur sa maréchaussée, et j’ai été bien plus surpris et bien plus fâché de la gloire impertinente de celui-ci que de celle de l’autre ; j’ai été tout près de lui écrire[1] une lettre du style dont j’écrivis à Créquy ; mais enfin, la première chaleur étant passée, j’ai voulu faire encore un pas pour essayer de ne pas perdre un ancien ami. Je vous envoie la copie de la seconde lettre que je lui ai écrite[2] je vous en manderai la suite.

Je ne sais si je ne vous ai point mandé que MM. de Bellefonds, d’Humières, de Navailles, de Schomberg et de Lorges, qui sont aussi glorieux que d’autres, me font réponse comme si j’étois de leur corps, et je crois[3] ces Messieurs-là assez honnêtes gens, quand ils m’écrivent, pour être un peu honteux d’être maréchaux de France plutôt que moi.

Je ne doute pas que Chose ne fasse quelque chose pour mes enfants, et je ne doute pas que vous n’en soyez bien aise. Adieu, ma chère cousine : votre nièce et moi vous embrassons mille fois.

Le procédé de M. d’Estrées me tient fort au cœur et je ne le puis digérer. Je crois que ma disgrâce a beaucoup de part à sa sotte gloire, et que s’il me parloit avec sincérité, il me diroit : « Il est vrai que nous étions amis autrefois, que vous êtes bien plus ancien lieutenant général que moi, et que vous étiez il y a vingt

    dance de Bussy, tome III, p. 155 et 161, ses lettres du 13 mai et du 16 juin 1676.

  1. 3. « À lui écrire. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)
  2. 4. La lettre est du 12 juin ; cette fois le maréchal répondit. Voyez la Correspondance de Bussy tome V, page 278 et 283.
  3. 5. « …comme si j’étois de leur corps. Je crois, etc. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)