1681 aurez bien du loisir à vous préparer à ce repas que vous nous voulez donner.
Si je n’avois fait autre chose que de vous mander ce que je vous ai écrit du maréchal d’Estrées, il auroit fait tout ce qu’il auroit dû en vous priant, Madame, de me faire le compliment que vous m’avez fait de sa part ; mais je lui écrivis d’abord, comme à mon ami, une fort honnête lettre et fort honorable pour lui[1], et mon fils, qui la lui rendit, me vient de mander qu’il lui avoit dit l’autre jour, à Versailles, qu’il vous avoit priée de me remercier de la part que je prenois à son élévation.
Comme je ne suis pas de ces gens qui disent : « Chouet est un fort honnête garçon, » parce que Chouet m’auroit traité d’Altesse ; aussi ne dirois-je pas après cela que Chouet seroit un coquin, quand il ne m’auroit pas rendu ce qu’il me doit. Par la même raison, je crois toujours que le comte d’Estrées est un digne maréchal de France, mais qu’il ne sait pas vivre, quand il ne fait point de réponse à un tendre et à un honnête compliment[2] que je lui ai fait. La tête lui a-t-elle tourné comme elle fit à Créquy ? Il seroit moins excusable que lui, car il étoit mon ami particulier, et Créquy ne l’étoit pas[3]. A-t-il oublié qu’en 1674, lui faisant un compliment sur le combat qu’il donna avec les Anglois contre les Hollandois, et qu’il gagna, et lui disant que je ne doutois pas que le Roi ne lui rendît justice en le faisant maréchal, il me répondit qu’il ne le
- ↑ 2. Cette lettre, datée du 5 avril, se trouve au tome IV de la première édition des Lettres de Bussy (1697), p. 486 et 487, et au tome V, p. 258, de l’édition de M. Lalanne.
- ↑ 3. « A un tendre et un honnête compliment. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)
- ↑ 4. Le maréchal de Créquy s’était brouillé avec Bussy parce que ce dernier ne l’avait pas voulu traiter de monseigneur. Voyez dans la Correspondance de Bussy la lettre du 16 juin 1676 et les lettres suivantes.