Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1681

872. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Deux jours après que j’eus reçu cette lettre, j’y fis cette réponse.
À Autun, ce 8e janvier 1681.

Vous avez dû recevoir une de mes lettres, Madame ; ainsi je ne vous dirai rien de ce que je vous écrivois, et je ne ferai que répondre[1] à votre lettre du 2e de ce mois. Nous irons savoir d’original, Mme de Coligny et moi, au mois d’avril prochain, les peines que vous avez eues en Bretagne. Cependant je vous dirai que je suis ravi que la belle Provençale[2]se porte mieux, parce que la devant aimer (comme ce m’est une nécessité), j’aurai plus de plaisir en la trouvant plus belle.

Je crois, comme vous, qu’il y a de petits démons qui nous veulent empêcher de faire notre devoir, mais qu’ils trouvent des gens plus fragiles les uns que les autres ; sans vous faire de reproches de votre paresse à m’écrire, Madame, je leur résiste mieux que vous.

La comète qu’on voit à Paris se voit aussi en Bourgogne, et fait parler les sots de ce pays-ci comme ceux de celui-là. Chacun a son héros, qui, à son avis, en doit être menacé, et je ne doute pas qu’il n’y ait des gens à Paris qui croiront que la comète a annoncé au monde la mort de Brancas[3] Je trouve comme vous, Madame,

  1. Lettre 872. — 1. « Je ne ferai que réponse. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)
  2. 2. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « la belle Madelonne. »
  3. 3. Charles, comte de Brancas dont il a été si souvent question dans la Correspondance, mourut à Paris le 8 janvier 1681. Il fut enterré aux Carmélites de la rue Saint-Jacques. Voyez la lettre du 6 décembre 1688. — Il faut ou que la date du 8 janvier, donnée à notre lettre par les deux manuscrits, aussi bien que par la première