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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/134

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1680 vous pensez. Je suis bien fâchée de n’avoir pas songé, dès les Rochers, à vous rassurer là-dessus : je suis fort aise de les avoir ; je passe tous les soirs plus d’une heure et demie à causer avec Mlle de Méri ; elle déménage avec un loisir et une persuasion si visible que rien ne la presse, que l’on peut croire qu’elle en est contente, quoiqu’elle ne le dise point. C’est une plaisante étude que celle des manières différentes de chacun. Quant au chevalier, c’est une joie pour moi que son retour de Versailles ; nous causâmes hier au soir deux heures chez Mlle de Méri : il ne peut présentement quitter son jeune maître, qui est considérablement malade. L’Anglois[1] a promis au Roi sur sa tête, et si positivement, de guérir Monseigneur dans quatre jours, et de la fièvre, et du dévoiement, que s’il n’y réussit, je crois qu’on le jettera par les fenêtres ; mais si ses prophéties sont aussi véritables qu’elles l’ont été pour tous les malades qu’il a traités, je dirai qu’il lui faut un temple comme à Esculape. C’est dommage que Molière soit mort ; il feroit une scène merveilleuse de Daquin[2], qui est enragé de n’avoir pas le bon remède, et de tous les autres médecins, qui sont accablés par les expériences, par les succès, et par les prophéties comme divines de ce petit homme.[3]. Le Roi lui a fait composer

  1. ↑ 2. Le chevalier Talbot. Voyez, dans la Correspondance de Bussy, la lettre de Mme de Scudéry à Bussy, du 14 novembre suivant.
  2. ↑ 3. Premier médecin du Roi. Voyez tome III, p. 30, note 9. « Daquin, dit Saint-Simon (tome I, p. 109), étoit grand courtisan, mais rêtre, avare, avide, et qui vouloit établir sa famille en toute façon. » Renvoyé de la cour en 1693 par l’influence de Mme de Maintenon, qui ne l’avait jamais aimé, il mourut à Vichy trois ans après.
  3. ↑ 4. Cependant il est dit dans le Mercure d’octobre de 1680 (p. 272 et suivantes) que Daquin employait, lui aussi, le remède anglais pour guérir les fièvres intermittentes, que Fagon, premier médecin de la Reine, savait également le réparer, et que le Bel, premier
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