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que cela soit ainsi : je ne pourrois pas soutenir de voir mes deux enfants malades. Vous étiez gaie quand vous m’avez écrit ; il n’y a rien de plus joli que votre jalousie : vous en faites une application admirable et qui m’a divertie. Adieu, adieu, ma très-chère : je m’amuse ici à causer, j’ai mille affaires ; je m’en vais aider au bon abbé, et signer quelques billets. J’ai reçu les adieux de la très-bonne et très-obligeante princesse, et de tout le pays, qui me chasse depuis longtemps ; mais les volontés n’étoient pas tournées : il y a un temps pour tout. J’ai retenu Mme de Marbeuf, qui étoit avec la princesse : elle nous est d’un très-grand secours. Les chemins sont fort beaux ; Dieu nous conduira, je l’espère. Nous prenons le bon parti, et nous ne doutons point que nous ne trouvions à Paris une guérison parfaite ; on nous a refusé ici de l’entreprendre, à force de nous honorer ; et comme ailleurs nous n’avons pas le même malheur, nous partons avec joie ; et j’admire comme le hasard a rangé cette nécessité de partir avec l’envie que vous avez que je vous reçoive : je ne croyois pas que tout cela se dût tourner ainsi.


1680

864. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Malicorne[1], mercredi 23e octobre.

Nous voilà donc en chemin avec un désir et un besoin extrême d’arriver à Paris ; nous n’avons point de temps à perdre pour soulager ce pauvre garçon : ses douleurs à la tête, et l’émotion continuelle qui vient de ses dou-

  1. Lettre 864. — 1. Voyez tome II, p. 224, note 3.