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pérités de Mlle Descartes[1], à qui Mme de Chaulnes donne une pension : elle est savante comme son oncle et comme vous.


1680

862. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, mercredi 16e octobre.

Votre lettre me plaît beaucoup ; elle est pourtant trop longue, elle vous a fatiguée ; mais à cela près, elle a bien tenu sa place dans nos tranquilles amusements, et l’auroit bien tenue aussi dans le milieu de Versailles, si j’y étois : il y a de certaines choses que les objets ni les distractions ne peuvent jamais effacer. Vous parlez encore de cette médecine[2] ; il faut que vous ayez eu une extrême nécessité d’un rabat-joie, pour en avoir fait un de ce mot, que je n’avois mis que pour vous dire qu’un remède si doux et si sage ne valoit pas la peine de s’y mettre ; car j’aime l’émotion du polychreste[3], et on l’avoit supprimé, à cause du chaud. Enfin, ma belle, je me porte à merveilles, et me trouve très-bien de mon eau de lin. Vous pouvez m’apprendre bien des choses ; mais je ne recevrai, ni de vous, ni de personne, des leçons pour la confiance et la sincérité dans le commerce de l’amitié : vous voyez bien sur quel ton je le prends. Je serois incapable de vous cacher une incommodité, si je l’avois : je n’aime point à vous tromper ; et vous, ma fille, en usez-vous de même ? me parlez-vous de toute la chaleur que vous avez

  1. 14. Voyez tome VI, p. 60, note 22.
  2. Lettre 862. — 1. Voyez la lettre du 22 septembre précédent, p. 86.
  3. 2. Polychreste, sel polychreste, espèce de sel purgatif. Ce mot signifie proprement « qui sert à plusieurs usages. »