1680
861. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
Madame de Coulanges[1] m’écrit une fort jolie lettre ; elle en reçoit assez souvent de vous, et se propose, comme on fait toujours, de jouir cet hiver de votre voisinage, et de réchauffer, votre ancienne amitié[2]. Vous avez M. de Coulanges ; je suis assurée que vous en êtes fort aise ; vous ne devez pas perdre cette occasion de faire une pièce à M. de Grignan : la vision est bonne de mettre Coulanges dans quelque caisse, ou dans l’étui du téorbe de l’abbé Viani[3] ; enfin vous en ferez quelque chose de bon ; car de le montrer tout simplement comme un autre, cela n’est pas possible. J’avoue que j’étois de l’avis du voyage de Rome[4] mille circonstances le rendoient agréable, et j’avois aussi quelques petites raisons, que je retrouverois bien encore, s’il en étoit besoin ; mais ce seroit ranger des troupes en bataille quand il n’est plus question de combattre. Je suis ravie qu’il ait suivi[5] vos conseils, ils sont meilleurs
- ↑ Lettre 861. — 1. Dans l’édition de 1754, cet alinéa vient après le suivant, et s’y rattache ainsi : « elle m’écrit une fort jolie lettre ; elle se propose, etc. »
- ↑ 2. « Toute votre-ancienne amitié. » (Édition de 1754.)
- ↑ 3. Jean-Claude Viani, né à Aix en 1639, se fit oratorien en 1659, et devint en 1663 prieur de l’église de Saint-Jean à Aix. On a de lui quelques opuscules historiques et quelques pièces de poésie. Il mourut le 16 mars 1726, à l’âge de quatre-vingt-huit ans ; il était depuis longtemps déjà doyen de la Faculté de théologie d’Aix. — Le membre de phrase qui suit : « enfin vous en ferez quelque chose de bon, » n’est pas dans l’impression de 1754.
- ↑ 4. Avec le cardinal d’Estrées (voyez la lettre du 18 septembre précédent, p. 81 et 82). Coulanges fit ce voyage en 1689 avec le duc de Chaulnes. — Dans le texte de 1737 : " que j’étois d’avis qu’il fît le voyage de Rome. »
- ↑ 5. « Que Coulanges ait suivi, etc. » (Édition de 1754.) — La dernière phrase de l’alinéa n’est pas dans le texte de 1737.