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1680 ou douze de ses bonnes amies : un petit secret entre nous quinze[1]. Pour moi, je n’ai jamais été plus étonnée que de voir comme il traite cette petite incommodité[2] ; je pensois qu’il falloit mourir plutôt que d’en ouvrir la bouche ; mais le voyant si sincère, je la suis aussi[3]. Vous verrez ce qu’elle approuve. Vous êtes en lieu de prendre de bons conseils. Je crois que vous devez faire jeter cette vue à M. de Marsillac, afin de s’en servir dans l’occasion.

Mme de Vins me mande que M. de Vendôme et M. Morant s’en vont en Provence : voilà qui va fixer les résolutions de M. de Grignan, en lui faisant voir la fin d’une belle et longue carrière, où il a couru bien noblement et d’une manière à devoir être récompensé[4] : Dieu le veut peut-être, que savons-nous ? M. d’Hautefort est mort[5] : voilà encore un cordon bleu qui fait place aux autres. Il n’a jamais voulu prendre du remède an-

  1. 5. « Que dites-vous de ce petit secret entre quinze personnes ? » (Édition de 1754.)
  2. 6. « Comme il traite légèrement cette affaire. » (Ibidem.)
  3. 7. « Mais voyant mon fils si sincère, je le suis aussi. (« Ibidem ».) — La fin de l’alinéa ne se trouve que dans notre manuscrit où le copiste écrit par erreur : « ce qu’elle prouve, » au lieu de : « ce qu’elle approuve. »
  4. 8. « La fin d’une carrière on il a couru si noblement, et d’une manière à mériter des récompenses. » (Édition de 1754.)
  5. 9. Le frère de la maréchale de Schomberg (Marie d’Hautefort) et de la marquise de Praslin (Mlle d’Escars), Jacques-François, marquis d’Hautefort, chevalier des ordres du Roi en 1661, lieutenant général et premier écuyer de la Reine ; il mourut le 3 octobre 1680, à l’âge de soixante et onze ans, « fameux à la fois, dit M. Cousin (Madame de Hautefort, p. 5), par sa parcimonie pendant sa vie et ses largesses après sa mort… On dit qu’il est l’original de l’Avare de Molière. » Gilles d’Hautefort, son frère cadet, longtemps connu sous le nom de comte de Montignac, avait épousé Marthe d’Estourmel, dame de Templeux, du Mesnil, etc. Il succéda à son frère dans la charge de premier écuyer, et mourut le 31 décembre 1693.