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1679 moins chères, ni que nulle chose du monde puisse faire diversion[1] à la continuelle application que j’ai pour vous. Je ne vous manderai plus guère de nouvelles, j’en sais peu ; mais ce que je vous dirai, il sera bon, vient directement des bons endroits[2]. Vous me dites[3], ma très-chère, que vous vous portez bien ; Dieu le veuille ! cela est bientôt dit. Je suis toujours étonnée que je puisse soutenir avec votre absence, l’inquiétude que j’ai de votre santé[4]. Je ne veux point que vous m’écriviez de si grandes lettres : il faut que je sois bien persuadée du mal qu’elles vous font : sans cela il seroit bien naturel de souhaiter qu’elles fussent infinies ; mais cette crainte arrête tout. Du Chesne me disoit l’autre jour que rien n’étoit pis[5] que d’écrire beaucoup. Ma fille, il faut que le temps vienne que vous écriviez moins, et que vous soyez en ce pays appliquée à vous guérir. Nous vous mettrons l’hôtel de Carnavalet en état de vous être commode ; le bon abbé y est disposé comme moi. Je voudrois bien que vous ne me dissiez point de mal de vous dans vos lettres, ni que vous les crussiez meilleures[6] que vos conversations en chambre ; je serois bien indigne de votre amitié, si j’avois cette pensée ; j’en suis bien loin[7] : je suis persuadée que vous m’aimez, et j’ai le même goût pour vous entendre, que tous ceux qui en sont le plus touchés. Ah ! si vous saviez quel est le pouvoir d’une

  1. Lettre 752. — 1. « Puisse faire une diversion. » (Édition de 1754.)
  2. 2. « Je n’aurai plus guère de nouvelles à vous mander, j’en sais peu ; mais comme celles que je vous dis viennent assez directement des bons endroits, elles seront bonnes. » {Ibidem.)
  3. 3. « Vous m’assurez. » {Ibidem.)
  4. 4. Cette phrase ne se lit que dans le texte de 1734.
  5. 5. « Plus mauvais. » (Édition de 1754.)
  6. 6. « Et que vous ne crussiez point vos lettres meilleures. » (Ibidem.)
  7. 7. Ce membre de phrase n’est pas dans l’impression de 1754.