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1679 dants. Ce que je vous dis vient de deux endroits assez sûrs ; et tout de suite je vous ferai mille amitiés de M. de la Rochefoucauld et de Mme de la Fayette ; Mmes de Lavardin et de Mouci ne vous en font pas moins. Je n’ai pas encore vu la marquise d’Uxelles. Le chevalier vous mandera les nouvelles. Je crois que le maréchal de Bellefonds ne relèvera point de la maladie dont il est accablé[1]..

Vous êtes bien contente de la douceur de Mlles de Grignan ; c’est un bonheur pour vous. Mais, ma fille, où avez-vous pris que vous fussiez un dragon ? Quel plaisir prenez-vous à dire de ces sortes de choses ? N’étiez-vous point d’accord de tout ce que je voulois faire ? Ne passiez-vous point l’hiver en Bretagne, quand il le falloit ? les étés à Livry ? Quelle difficulté faisiez-vous de vous ennuyer avec tranquillité comme les autres ? Ah ! ne souhaitez point d’être autrement que vous n’êtes, si ce n’est pour votre santé. Mais qui auroit jamais pu croire en ce temps-là que vous fussiez devenue délicate et maigre au point que vous l’êtes ? Qu’avez-vous fait de Pauline ? Je souhaite bien que vous l’ayez menée avec vous. Je fis lire sa lettre à Mme de Vins, qui en fut ravie ; ainsi que ses oncles[2] ; je vous dis que c’est une pièce achevée pour la naïveté.

Mme de la Sablière a bien pris le parti que vous estimez,


Rompons, brisons les tristes restes
[3].
  1. 2. Il fut guéri par le chevalier Talbot. Voyez la lettre du 24 novembre suivant. Il ne mourut que le 5 décembre 1694.
  2. 3. Le chevalier et l’abbé de Grignan.
  3. 4. Vers d’un chœur de l’Alceste de Quinault et Lulli, acte III, scène v :

    Rompons, brisons le triste reste
    De ces ornements superflus.