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chère enfant : je vous aime au delà de tout ce qu’on peut aimer.



1679

751 — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CORBINELLI À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, mercredi 8e novembre.

de madame de sévigné.

J’arrivai ici samedi, comme je vous l’avois mandé. J’avois été dîner le vendredi à Pompone, où Mme de Vins reçut une lettre de vous. Nous causâmes fort sur votre sujet. M. de Pompone la gronda de ne vous avoir point parlé de lui dans ses lettres : ce fut une très-jolie querelle. Ils seront encore quinze jours à Pompone. Pour moi, j’ai regretté Livry ; j’ai coupé dans le vif ; cette solitude me plaisoit, et les beaux jours qu’il fait encore m’offensent. Je vis en arrivant les deux Grignans et M. de la Garde ; vous jugez bien de quoi nous parlons. Je fus le lendemain chez Mlle de Méri ; je la trouvai un peu mieux. J’ai vu du Chesne[1] et je ne sais par quel hasard il m’est tombé dans l’esprit de parler de votre santé : il vous aime, et je le trouve plus touché et plus appliqué que les autres. Il est étonné de la manière dont tout votre corps est engourdi, avec des frémissements et des inquiétudes qui vous vont jusqu’au cœur : ce sont, dit-il, des sérosités et la vraie humeur du rhumatisme. Il voudroit que vous vous fissiez frotter quelquefois l’épine du dos avec de I’eau-de-vie et de l’huile de noix tirée sans feu, mêlées ensemble ; il dit que cela

    n’est que dans le texte de 1754 ; mais la phrase qui termine la lettre n’est que dans celui de 1734.

  1. Lettre 751. 1. Voyez ci-dessus, p. 14, note 11.