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quée ; il faut jouir de cet été Saint-Martin que la Providence lui donne encore. Aimez-moi, je vous en conjure, puisque vous m’avez embarquée à vous aimer très-sincèrement.


1679

747 — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Livry, mercredi 25e octobre[1].

Je suis ici, ma chère fille, toute fine seule : je n’ai pas voulu me charger d’un autre ennui que le mien : nulle compagnie ne me tente à commencer[2] sitôt mon hiver. Si je voulois, je me donnerois d’un air de solitude ; mais depuis que j’entendis l’autre jour Mme de Brissac dire qu’elle étoit livrée à ses réflexions, qu’elle étoit un peu trop avec elle-même, je veux me vanter d’être toute l’après-midi[3] dans cette prairie, causant avec nos vaches et nos moutons. J’ai de bons livres, et surtout Montagne ; que faut-il autre chose quand on ne vous a point ? J’y ai reçu[4] votre dernière lettre ; vous me croyez à Paris auprès du feu, et vous recevrez auprès du vôtre mes lamentations sur les fatigues de votre voyage : l’horrible chose que d’être si loin ! Mais on ne peut être plus étonnée que je l’ai été de vous voir avec M. et Mme de Mesmes[5] ; j’ai cru que vous vous trompiez, et que c’étoit à Livry que vous alliez les recevoir. Les voilà qui m’écrivent donc d’une manière qui me fait comprendre qu’ils sont parfaitement contents de la bonne réception que vous leur avez faite :

  1. Lettre 747. — 1. L’édition de 1734 date la lettre du 8 novembre.
  2. 2. « Pour commencer. » (Édition de 1754.)
  3. 3. « Toute l’après-dînée. » {Ibidem.)
  4. 4. « J’ai reçu ici. » (Ibidem.)
  5. 5. Voyez tome II, p. 101, note 9, et p. 440, fin de la note 9.