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1680 harangue[1] qu’il avoit faite au Roi avoit été parfaitement belle et bien prononcée.

Mon fils aura besoin de patience ; car enfin il n’est rien de plus certain que l’on trouve sous le dais des sortes de malheurs qui doivent bien guérir des vanités du monde ; il y a eu de la perfidie, de la méchanceté ; enfin de tout ce qui peut[2] faire souhaiter une cruelle, comme dit Mme de Coulanges : je crains que tout cela ne fasse plus d’un mauvais effet. Mon fils est parti[3], et pour l’achever on lui a dit que M. de la Trousse avoit dessein de faire assurer sa charge à Bouligneux[4], en lui faisant épouser sa fille : vous jugez bien que cela coupe la gorge à votre frère[5] ; car le moyen qu’il pût demeurer à cette place ? et comment s’en défaire, puisqu’on n’auroit plus l’espérance de monter[6] ? Nous verrons s’il

  1. 12. La harangue de clôture qu’il adressa au Roi au nom de l’assemblée l’après-midi du 10 juillet (voyez plus haut, p. 513, note 32), et où il le remercia, dit la Gazette du 13, « des édits que Sa Majesté avait fait publier à l’avantage de la religion catholique. » Cette harangue fut imprimée à part ; il y en a un exemplaire relié avec le volume de la Gazette de 1680, que possède la bibliothèque Sainte-Geneviève.
  2. 13. « Je sens que mon fils a besoin de patience ; il a trouvé sous le dais des sortes de malheurs qui doivent bien guérir des vanités humaines ; la perfidie et la méchanceté s’en sont mêlées ; enfin tout ce qui peut, etc. » (Édition de 1754.)
  3. 14. « Il est parti. » (Ibidem.)
  4. 15. Voyez tome III, p. 96, note 9. — Le mariage projeté n’eut pas lieu, et la fille de la Trousse épousa en 1684 le prince de la Cisterne. Saint Simon (tome IV, p. 383 et 384) parle de Louis de la Palu, comte de Bouligneux, comme d’un homme d’une grande valeur, mais tout à fait singulier. — Dans le texte de 1754 : « et pour l’achever, il a su par Mme de Coulanges que M. de la Trousse avoit dessein de demander que sa charge fût assurée à Bouligneux. »
  5. 16. « À votre pauvre frère. » (Édition de 1754.)
  6. 17. « Et comment la quitter, quand l’espérance de monter seroit ôtée ? » (Ibidem.)