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1680 c’est[1] une fièvre violente, et qu’elle s’y connaît : voulez-vous que je dispute contre elle[2] ?

On[3] dit que le Roi laissera les dames à Lille, et ira[4] je ne sais où avec Monsieur le Prince. Si les Hollandois étoient de la ligue, je crois qu’il se divertiroit encore à les foudroyer ; mais sans cela, le moyen qu’il veuille rompre[5] une paix qui lui coûte le reste de la Flandre, qu’il auroit prise[6] ? Vous me dites une chose qui me plaît extrêmement : il est plus poli d’admirer que de louer ; c’est une jolie maxime ; cependant je ne puis m’empêcher de faire l’un et l’autre, quand je parle du Roi et de ma très-aimable fille[7].

J’ai mandé à Mlle de Grignan l’histoire tragique du P. Païen[8] : si au lieu de raisonner avec ce voleur, et de le vouloir convertir, il lui eût dit : « Hélas ! Monsieur, c’est que je me promène ; » peut-être seroit-il encore à Notre-Dame des Anges[9] ; mais il ne savoit pas cette invention : le bon abbé ne l’a dite qu’à nous. Il[10] étoit

  1. 13. « Elle n’attribue l’agitation de sa nièce qu’à l’ignorance de son état ; elle dit que c’est, etc. » (Édition de 1754.)
  2. 14. Voyez la lettre du 7 juillet précédent, p. 512.
  3. 15. Dans les éditions de Perrin, cet alinéa termine la lettre du 21 juillet. Voyez ci-dessus, p. 545, note 14.
  4. 16. « Et s’en ira. » (Édition de 1754.) — À la date de cette lettre le Roi était à Calais. Il en partit le 22 pour aller à Saint-Omer, puis à Dunkerque et à Ypres ; il arriva à Lille le 1er août. Voyez la Gazette du 27 juillet et des 3 et 10 août.
  5. 17. « Mais sans cela, on ne comprend point qu’il voulût rompre, etc. » (Édition de 1754.)
  6. 18. « …qui lui coûte tout le reste de la Flandre, qu’il étoit à la veille de soumettre. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  7. 19. « C’est une jolie maxime ; mais pour moi, j’ai peine à les séparer, et je ne puis m’empêcher de faire souvent l’un et l’autre, quand je parle de ma chère comtesse. » (Ibidem.)
  8. 20. Voyez la lettre du 7 juillet précédent, p. 514.
  9. 21. Voyez tome IV, p. 85, note 5.
  10. 22. « Le P. Païen. » (Éditions de 1737 et de 1754.)