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1680 s’en va, dit-elle, devenir votre voisine, souhaitant de revenir avec vous[1]. M. de Coulanges va avec elle[2], et puis chez vous. Il me mande que ce jour-là même qu’il m’écrit, l’abbé Têtu donne un dîner à Mmes de Schomberg, de Fontevrault et de la Fayette, sans en avoir mis Mme de Coulanges, et que je juge par là de sa disgrâce[3] : tanto t’odiero, quanta t’amai[4], voilà mon jugement.

La pauvre Troche est tout affligée de son oncle de Varennes[5], qui est mort à Bourbon ; elle ne m’écrit plus de nouvelles : ainsi, ma fille, je m’en vais vous écrire aux dépens de la bonne princesse de Tarente. Elle me pria jeudi de dîner avec elle ; demain je lui dois donner une très-bonne collation, qui finira tout. J’avois encore une fricassée et une tourte sur le cœur ; et ne pouvant pas l’égaler en bien des choses, je veux du moins me donner le plaisir de ne lui rien devoir sur nos collations. Elle parle de vous avec une estime qui me plaît : elle recevra très-bien vos compliments, et le parti de sa fille que vous prenez aussi bien que moi[6]. Elle n’attribue l’agitation de sa nièce qu’à ce que je vous ai dit, et que

    p. 118, note 5. — Quant à la marquise de Rannes, Charlotte de Bautru, elle était veuve de Nicolas d’Argouges, marquis de Rannes, lieutenant général des armées du Roi, colonel général des dragons, tué en Allemagne en 1678. Elle se remaria le 2 août 1682 avec Jean-Baptiste-Armand de Rohan, prince de Montauban (petit-fils de la princesse de Guémené, frère du duc de Montbazon), de qui elle resta veuve le 6 octobre 1704 ; elle mourut elle-même au mois de décembre 1725, ne laissant qu’une fille morte sans alliance.

  1. 7. « Souhaitant de reprendre avec vous le chemin de Paris. » (Édition de 1754.)
  2. 8. « S’en va avec elle. » (Ibidem.)
  3. 9. « De la disgrâce de mon amie. » (Ibidem.)
  4. 10. Je te haïrai autant que je t’aimai. Voyez tome III, p. 67, note 14.
  5. 11. « De son bon oncle de Varennes. » (Édition de 1754.)
  6. 12. « Et sera charmée que vous preniez aussi bien que moi le parti le sa fille. » (Ibidem.)