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1680 Je n’ai été, ma fille, qu’une pauvre fois à votre belle lune. Je vous assure que quand je prends la résolution de lui rendre mes devoirs à l’exemple des anciens, il n’y a non plus de froid ni de serein que sur votre terrasse : je me conduis fort sagement, et crains beaucoup d’être malade ; je vous souhaite la même crainte. La princesse[1] est une espèce de médecin : elle a fait son cours en Allemagne, où elle m’assure qu’elle a fait des cures à peu près comme celles du Médecin malgré lui. Elle a fini ses fricassées, et moi les miennes ; nous avons ri de cette folie, et voilà comme je suis sortie de cet embarras. Je lui montrai l’autre jour votre chapelet ; elle le trouva digne de la Reine, et comprit la beauté de ce présent, dont je vous remercie encore. Je le garderai fidèlement, et je ne sais s’il n’est point plus à vous dans mon cabinet qu’il n’y étoit dans le vôtre. Elle vous écrit de sa belle écriture ; elle m’a montré la belle morale qu’elle vous a brodée[2]. Mettez-moi quelque chose dans une de vos lettres, que je puisse lui montrer[3]. Celles de Mme de Vaudemont[4] sont pour le style comme le caractère de la princesse. Ah ! que la vision de Brébeuf est plaisante ! c’est justement cela, tout est Brébeuf[5] ; cette applica-

  1. 3. La princesse de Tarente. — Dans le texte de 1737, ce passage est ainsi abrégé : « La princesse a fini ses fricassées, et moi les miennes ; nous avons ri de cette folie. Elle (dans 1754 : Cette princesse) vous écrit de sa belle écriture, etc. »
  2. 4. Voyez la lettre du 17 juillet précédent, p. 533.
  3. 5. Cette phrase n’est pas dans le texte de 1737, qui commence ainsi la suivante : « Les lettres de Mme de Vaudemont… »
  4. 6. Anne-Elisabeth de Lorraine, femme de Charles-Henri de Lorraine, prince de Vaudemont. (Note de Perrin.)
  5. 7. Voici un échantillon du style de Brébeuf, tiré d’une lettre écrite à Mlle de Scudéry, qui est restée inédite, et dont l’éditeur possède l’original. Il paraît que Pellisson avait donné des éloges au traducteur de la Pharsale. « Mademoiselle, je meurs de honte d’avoir été malade, lorsque je me sentois indispensablement obligé à vous