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1680 comme dit la chanson. Je suis effrayée comme la vie passe[1] : depuis lundi j’ai trouvé les jours infinis à cause de cette folie de lettres ; je regardois ma pendule, et prenois plaisir à penser : voilà comme on est quand on souhaite que cette aiguille marche ; et cependant elle tourne sans qu’on la voie, et tout arrive à la fin[2].

J’ai reçu un dernier billet de Mlle de Méri, tout plein de bonne amitié ; elle me fait une pitié étrange de sa méchante santé[3] ; elle a bien vu qu’elle n’avoit pas toute la raison, c’est assez. Je ne comprends pas que mes lettres puissent divertir ce Grignan, où il trouve[4] si souvent des chapitres d’affaires, des réflexions tristes, des réflexions sur la dépense[5] : que fait-il de tout cela ? il faut qu’il saute par-dessus[6] pour trouver un endroit qui lui plaise : cela s’appelle des landes en ce pays-ci ; il y en a beaucoup dans mes lettres avant que de trouver la prairie[7]. Vous avez ri de cette personne blessée dans le service[8] ; elle l’est à un point qu’on la croit invalide. Elle ne fait point le voyage, et s’en va dans notre voisinage de Livry bien tristement[9]. À propos, le bon Païen

  1. 7. « Je suis effrayée de voir comme la vie passe. » (Édition de 1754.)
  2. 8. « Et tout arrive. » (Ibidem.)
  3. 9. « De sa mauvaise santé. » (Ibidem.)
  4. 10. « …puissent divertir ce Grignan : il y trouve, etc. » (Éditions de 1737 et de 1754.) Cette phrase est la première de la lettre qui soit dans notre manuscrit.
  5. 11. Ces mots : « des réflexions sur la dépense, » ne se trouvent que dans notre manuscrit.
  6. 12. « Il est obligé de sauter par-dessus. » (Édition de 1754.)
  7. 13. Est-ce une allusion à la jolie lettré de la prairie ? Voyez la lettre du 22 juillet 1671, tome II, p. 291.
  8. 14. Mlle de Fontanges. — Dans l’édition de 1754 : « elle l’est au point, etc. »
  9. 15. À l’abbaye de Chelles. Voyez ci-dessus, p. 347, note 1, et plus bas, p. 534, note 30. — Dans l’édition de 1754 : « Et s’en va bien tristement dans notre voisinage de Livry. »