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Vous avez fait une jolie promenade à Versailles. Notre ami Corbinelli m’en a fait le récit, le plus plaisamment du monde : de sa jalousie, de l’agrément de sa maîtresse et de la vivacité de sa conversation. C’est tout ce que je pouvois espérer de mieux, n’ayant pu être de cette agréable partie.

Adieu donc, mon cher cousin ; adieu, l’aimable veuve : nous nous écrirons de nos provinces, sans appeler les nouvelles publiques à notre secours.


1680

828. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, ce dimanche 7e juin.

Le petit Coulanges s’en va à Lyon avec sa femme, et de là à Grignan : il me promet de me faire[1] une description exacte de toute votre personne. Il m’écrit une fort plaisante lettre de la vie triste[2], réglée et saine de Bourbon, dont il a pensé mourir ; il tâche un peu de s’en remettre à Paris par les veilles, les ragoûts et les indigestions qu’il cherche avec soin : il est étonné d’avoir pu résister à l’exactitude de cette vie ; du reste, le pauvre petit homme[3] est assez chagrin ; il vous en contera beaucoup. Je ne vous conseille point de jouer avec lui qu’un jeu ordinairement médiocre[4]. Je vous envoie en original un morceau de la lettre de sa femme ; il me semble que ce

  1. Lettre 828 (revue en grande partie sur une ancienne copie). — 1. « Il me promet de faire, etc. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  2. 2. « Il m’écrit fort plaisamment sur la vie triste, etc. » (Ibidem.)
  3. 3. « Le petit homme. » (Édition de 1737.)
  4. 4. Cette phrase ne se lit que dans notre manuscrit, où le copiste a mis par erreur : « Je ne vous en conseille. »