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1680 vous partez le 10e de ce mois[1]. Ce seroit, comme vous dites, un plaisir à une dame qui auroit besoin d’un prétexte pour revenir à Paris, que cette obligation de venir reprendre le fil de son procès ; mais le nom de veuve emporte avec lui celui de liberté : ainsi je m’afflige avec elle de la longueur de cette chicane.

Je veux me réjouir avec vous de l’espèce de commerce et de liaison que vous conservez avec le Roi. Je crois que vos lettres lui font plaisir ; c’est dommage qu’il ne se donne celui de voir et de parler à l’homme du monde qui seroit le plus capable de le divertir, et le plus digne de le louer. Vous y perdez beaucoup ; il y perd encore davantage dans le dessein[2] qu’il a de faire durer sa gloire autant que l’univers. Votre dernière lettre est fort bonne : vous n’en sauriez faire d’autres.

Vous avez très-sagement fait de ne vouloir point de seconde affaire avec Mme de Montglas. La destinée de son fils est heureuse[3]. N’admirez-vous point sur qui les fées prennent plaisir de souffler ? Montglas le père meurt ruiné, et vous verrez son fils dans trois ans un des plus riches seigneurs de la cour[4].

  1. 2. Bussy quitta en effet Paris le 10 juillet pour se rendre à Bussy, où il arriva le 21, après avoir passé par Laon, Notre-Dame-de-Liesse, Reims, Châlons, Arcy-sur-Àube, Bar-sur-Seine et Châtillon. — Le premier alinéa de la lettre ne se trouve que dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale.
  2. 3. Le manuscrit de la Bibliothèque impériale porte : « dans le desir ; » à la ligne suivante : « …est fort bien : vous ne sauriez écrire autrement. »
  3. 4. Voyez ci-dessus, p. 272, note 21, p. 482 et p. 490.
  4. 5. « …prennent plaisir de souffler ? Vous le verrez dans trois ans un des plus riches seigneurs de la cour. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.) — Ce manuscrit donne, à la ligne suivante : « un joli voyage, » au lieu de : « une jolie promenade ; » trois lignes plus loin : « et de toute la vivacité de sa conversation ; » à la fin de l’alinéa : « de cette jolie partie. »