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1680 provisions dont on ne trouve très-promptement la fin avec tant de monde ; c’est une affaire que la consommation de mille choses qu’il faut acheter ; cela n’étoit[1] point ainsi du temps de feu Monsieur votre beau-père, et je ne puis concevoir le château de Grignan comme un lieu de rafraîchissement pour vous. Ainsi l’intérêt continuel que je prends à vos affaires ne me laisse point jouir du repos que je me suis imaginé dans ce lieu, où vous croyez toujours que vous vivez pour rien. C’est où il n’y a point de remède.

Nous sommes occupés ici à mettre dehors très-honnêtement le père Rahuel[2]. Monsieur de Rennes le desire d’une manière à ne pouvoir lui refuser ; nous le voulons très-bien aussi : nous y jetons un homme qui nous paroît bon. Ce petit déménagement et les comptes qu’il faut recevoir font une affaire.

Je reçois toujours les lettres fort noires[3] de mon fils, appelant ses chaînes et son esclavage, ce qu’un autre appelleroit sa joie et sa fortune. Si j’avois voulu faire un homme exprès, et par l’humeur, et par l’esprit, pour être enivré de ces pays-là[4], et même pour être assez propre à y plaire, j’aurois fait M. de Sévigné exprès à plaisir[5] : il se trouve que c’est précisément le contraire ;

    pour vous. » (Édition de 1737.) — « Je ne comprends pas que vous puissiez éviter d’y faire une fort grande dépense, ni que ce soit un lieu de rafraîchissement pour vous. » (Édition de 1754.) — Toute la fin de l’alinéa et l’alinéa suivant ne sont que dans notre manuscrit.

  1. 3. Le manuscrit porte, sans doute par une erreur de copiste « n’est, » au lieu de : « n’étoit. »
  2. 4. Voyez tome III, p. 294, note 14. — Sur Monsieur de Rennes, voyez ci-dessus, p. 217, note 12.
  3. 5. Tel est le texte du manuscrit. Les deux éditions de Perrin portent : « des lettres fort noires. »
  4. 6. « Pour être enivré de la cour. » (Édition de 1737.)
  5. 7. « J aurois fait à plaisir M. de Sévigné. » (Édition de 1754.)